À ce jour, nous avons connu un été record en termes de température, l’hiver est tout aussi étrange puisque le climat est étonnamment doux et sec. Par conséquent, la situation des nappes phréatiques est préoccupante.
À quelques jours du début du printemps, les météorologues et scientifiques s’interrogent.
Ces derniers jours, nous avons connu des précipitations, mais effectivement, elles sont insuffisantes. Le déficit en eau devrait persister, augurant un été 2023 particulièrement compliqué.
Un hiver bien particulier
L’an dernier, nous avons connu une sécheresse exceptionnelle. Cet hiver, le climat est tout aussi étrange puisque nous avons passé une longue période sans pluie avec des températures très douces pour la saison. Par conséquent, la situation des nappes phréatiques en France “s’est dégradé et est peu satisfaisante”, explique le bilan du bureau des recherches géologiques et minières (BRGM).
Le bureau des recherches géologiques et minières explique : “ l’ensemble des nappes phréatiques affiche des niveaux sous la normale et 80 % des niveaux sont modérément bas à très bas.”
À l’heure actuelle, 38 départements sont dans le rouge
D’après les relevés du site Info Sécheresse, qui dispose actuellement plus de 1500 stations d’observation pour 422 nappes phréatiques en France métropolitaine, on dénombre 38 départements classés actuellement au niveau rouge, c’est-à-dire que leur réserve en eau est considéré comme “très bas”.
18 départements sont ce jour en zone orange (“niveau bas”).
Enfin, 21 départements sont placés en niveau jaune (“modérément bas”).
Seuls 5 départements affichent un niveau “proche de la moyenne”.
Un seul département a atteint le niveau “très haut”.
L’évolution de la situation des nappes phréatiques au 1er mars 2023
À ce stade, la situation est particulièrement inquiétante dans les secteurs Nord-Est, Sud-Est et Centre du pays.
Si l’on se fonde sur les mesures effectuées par les scientifiques, le pourtour méditerranéen et particulièrement touché. Des restrictions d’eau ont déjà été mises en place dans les départements : Pyrénées-Orientales, Var, Bouches-du-Rhône et Isère.
D’autres départements comme ceux du Sud-Ouest ne sont pas épargnés : les départements bretons et normands.
L’effet des précipitations sur les nappes phréatiques est nul
Depuis quelques jours en France le retour des précipitations a été très bien accueilli. Mais, la situation ne va pas s’améliorer pour autant au niveau des nappes phréatiques. L’hydrologue, Emma Haziza, nous rappelle que “ce n’est pas cette pluie qui va tout résoudre. Il n’y a que 10 % de la pluie qui rejoint les nappes phréatiques”.
De plus, à mesure que le printemps approche, la situation devient de plus en plus préoccupante : pendant cette période, l’eau est rapidement absorbée par les plantes et ne s’infiltre presque plus dans les nappes phréatiques.
Christophe Person, chef du service météo et climat de BFM TV, nous explique que :
“dans les prochaines semaines les pluies seront bénéfiques pour les nappes. En revanche, ce sera loin d’être suffisant pour avoir des nappes phréatiques bien remplies pour l’été”.
Emma Aziza déclare :
“ il y a une anomalie statistique, car on est normalement censé être couvert par des pluies, au moins par des épisodes méditerranéens et on n’en a pas eu cette année. On arrive dans une situation dramatique”.
Pour l’été, l’incertitude règne
Le BRGM fait état d’une grande incertitude pour les prochains mois, selon les dires en conférence de presse de l’hydrogéologue Violaine Bault.
L’organisme BRGM explique que “l’évolution des tendances dépendra essentiellement de la pluviométrie. La reconstitution des stocks d’ici au printemps reste difficilement envisageable sur les nappes réactives affichant des niveaux très bas”.
L’organisme BRGM souligne également que les pluies de l’automne et de l’hiver, qui servent habituellement à recharger et à reconstituer les stocks, ont été très insuffisantes pour compenser les déficits accumulés durant l’année 2022.
Selon Météo France, le mois de février 2023 a été marqué par une sécheresse exceptionnelle en France, se classant ainsi au quatrième rang des mois les plus secs depuis 1959. Cette période a notamment été caractérisée par une série record de 32 jours consécutifs sans aucune précipitation, du 21 janvier au 21 février.
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Le point scientifique, tout savoir sur les nappes phréatiques
Qu’est-ce qu’une nappe phréatique ?
Une nappe phréatique est une couche d’eau souterraine située sous la surface de la terre.
Elle est formée par l’infiltration de l’eau de pluie ou de la fonte de neige à travers le sol. La nappe phréatique peut être située à différentes profondeurs et peut varier en taille et en forme.
Elle peut être naturelle ou artificielle, et elle peut être utilisée comme source d’eau potable ou pour l’irrigation des terres agricoles. La nappe phréatique est aussi un élément important de l’écosystème, car elle alimente les cours d’eau et les zones humides.
Quels sont les impacts de la pollution sur les nappes phréatiques ?
La pollution peut avoir de nombreux impacts sur les nappes phréatiques, notamment :
- La contamination de l’eau : les substances toxiques telles que les pesticides, les métaux lourds, les produits chimiques industriels et les déchets peuvent pénétrer dans les nappes phréatiques et contaminer l’eau. Cela peut rendre l’eau non potable et avoir des conséquences graves sur la santé humaine et animale.
- La réduction de la quantité d’eau disponible : la pollution entraîne une réduction de la quantité d’eau disponible dans les nappes phréatiques en réduisant le taux de recharge ou en augmentant le taux d’évaporation. Cela peut avoir des impacts sur l’approvisionnement en eau potable et sur l’irrigation des terres agricoles.
- La perturbation de l’écosystème : la pollution affecte les organismes vivant dans les nappes phréatiques, tels que les poissons, les crustacés et les plantes. Cela provoque des conséquences en cascade sur l’ensemble de l’écosystème.
- Les coûts économiques : la pollution des nappes phréatiques peut entraîner des coûts élevés pour le traitement de l’eau, la décontamination des sols et la restauration de l’écosystème. Ces coûts peuvent être supportés par les gouvernements, les entreprises ou les particuliers.
Il faut à tout prix protéger les nappes phréatiques de la pollution en adoptant des pratiques agricoles durables, en limitant l’utilisation des produits chimiques et en traitant correctement les déchets industriels.
Comment les changements climatiques peuvent-ils affecter les nappes phréatiques ?
Les changements climatiques peuvent affecter les nappes phréatiques de plusieurs manières, notamment :
- La modification des schémas de précipitations : les changements climatiques entraînent une modification des schémas de précipitations, avec des épisodes de sécheresse plus fréquents et des précipitations plus intenses. Cela affecte le taux de recharge des nappes phréatiques, qui dépend de l’infiltration de l’eau de pluie dans le sol.
- La hausse du niveau de la mer : la hausse du niveau de la mer entraîne une intrusion saline dans les nappes phréatiques côtières, ce qui peut affecter la qualité de l’eau et la disponibilité de l’eau douce.
- Les températures plus élevées : les températures plus élevées affectent la qualité de l’eau en favorisant la croissance des algues et des bactéries, en réduisant la quantité d’oxygène dissous dans l’eau et en augmentant la concentration des polluants. Les températures plus élevées abîment les écosystèmes liés aux nappes phréatiques, comme les zones humides et les rivières.
- La fonte des glaciers : la fonte des glaciers peut avoir des impacts sur les nappes phréatiques en modifiant les schémas de recharge et de décharge des rivières, en augmentant les risques d’inondation et en réduisant la disponibilité d’eau douce dans les régions où l’eau de fonte est une source importante d’eau potable.
Nous devons prendre en compte ces impacts lors de la gestion des nappes phréatiques et mettre en place des mesures pour s’adapter aux changements climatiques, telles que la recharge artificielle des nappes phréatiques, la gestion intégrée des ressources en eau et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Sécheresse : 80% des nappes phréatiques à des « niveaux modérément bas à très bas » en Francehttps://t.co/kRDi6CC5ql pic.twitter.com/MHQ2XjU4qU
— BFMTV (@BFMTV) March 13, 2023
Comment peut-on préserver les nappes phréatiques et les utiliser de manière durable ?
La préservation et l’utilisation durable des nappes phréatiques nécessitent une gestion intégrée et responsable de l’eau souterraine. Cela implique de prendre en compte les besoins et les usages actuels et futurs de l’eau, tout en préservant la qualité et la quantité de la ressource.
Pour ce faire, nous devons mettre en place des mesures de protection des zones de recharge des nappes phréatiques, telles que la réduction de l’utilisation des produits chimiques agricoles et la limitation de la pollution industrielle. La gestion des eaux pluviales et la recharge artificielle des nappes phréatiques peuvent également contribuer à maintenir le niveau de la nappe et à prévenir la surexploitation.
Par ailleurs, la population, les gestionnaires et les décideurs doivent être sensibilisés aux enjeux liés à la gestion durable des nappes phréatiques, en favorisant la participation et la concertation entre les différents acteurs.
La mise en place de pratiques d’utilisation de l’eau plus efficaces et durables, telles que l’irrigation au goutte-à-goutte et la réutilisation des eaux usées traitées, peut contribuer à la préservation de cette ressource vitale pour les écosystèmes et les populations.
Les nappes phréatiques, un trésor que nous devons protéger à tout prix
Les nappes phréatiques sont des aquifères souterrains essentiels qui représentent une source importante de réserves d’eau pour l’alimentation en eau potable, l’irrigation, la pêche et les écosystèmes aquatiques. Les eaux souterraines peuvent aussi être reliées aux eaux de surface, comme les lacs et les rivières, ce qui les rend encore plus importantes dans la gestion de l’eau et la préservation des milieux aquatiques.
Mais, les prélèvements excessifs, la pollution, les inondations et le réchauffement climatique peuvent affecter la qualité et la quantité des eaux souterraines, mettant en danger leur utilisation durable et leur disponibilité future.
Pour assurer une gestion efficace et durable des nappes phréatiques, nous devons mettre en place des mesures de protection des réserves d’eau souterraines, de favoriser l’utilisation efficace des eaux de surface et de pluie, de réduire les pollutions et d’améliorer l’épuration des eaux usées. Les forages et les captages doivent impérativement être gérés de manière responsable pour éviter la surexploitation des nappes souterraines.
Une meilleure compréhension du cycle de l’eau, de l’écoulement hydrologique et des caractéristiques des réservoirs souterrains est essentielle pour assurer une gestion durable et efficace de cette précieuse ressource en eau.